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Pétition contre la création d’une licence professionnelle « interface de communication »

Cinq associations – FNSF , ANPES, 2LPE-PB, AFFELS et AFILS (dont je suis membre) – réunies en un collectif ont décidé de protester contre la création d’une licence « Interface de Communication » à Lille 3 et Paris XIII, en lançant une pétition.

Je vous encourage à signer cette pétition en suivant ce lien : http://ppfr.it/petitioncollectif5

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Contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là, il ne s’agit pas d’un énième combat des interprètes diplômés contre les interfaces.Cette pétition, écrite à 5 mains, veut d’abord alerter sur les conséquences pour les Sourds qu’aurait la création de cette formation d’interface, quelle philosophie se cache derrière ce projet.Par exemple, comment évoluera le regard que porte notre société sur la surdité avec la non-reconnaissance évidente d’une éducation bilingue F/LSF puisqu’on favorisera la présence d’interfaces à la place de professeurs signeurs ?

Quels droits, quelle reconnaissance les Sourds pourront-ils espérer alors qu’ils seront considérés comme des sous-citoyens devant être toujours aidés, assistés par ces interfaces qui nient leur droit à l’autonomie (cette dernière pouvant être néanmoins guidée ou accompagnée notamment via à des intermédiateurs sourds ou des professionnels compétents comme des assistantes sociales) ?

C’est à ces problématiques que renvoie cette pétition : pourquoi ne pas éduquer les Sourds en LSF, pourquoi ne pas leur proposer des outils adaptés, pourquoi ne pas former des professionnels à la langue des signes…

Cette pétition est aussi là pour interpeller l’Etat qui, une fois encore, se défausse de ses responsabilités, en créant ces formations qui n’ont pour but que de pallier à son incapacité à garantir à chaque citoyen sourd une accessibilité entière, durable et bien sur en respectant l’autonomie de chacun.

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Le texte de la pétition :

Nous – Collectif des 5 – sommes un collectif d’associations de professionnels et de particuliers en lien avec la communauté sourde : Association Francophone des Formateurs et Enseignants de/en Langues des Signes (AFFELS), Association Française des Interprètes/Traducteurs en Langue des Signes (AFILS), Association Nationale des Parents d’Enfants Sourds (ANPES), Fédération Nationale des Sourds de France (FNSF), Deux Langues pour l’Education Politique Bilingue (2LPE-PB).

Nous avons appris qu’en septembre 2016 doit être créée une licence professionnelle d’interface de communication (ICASES) au sein de l’Université de Lille 3.
De plus, nous apprenonsqueParisXIII ouvre une formation de ce type en septembre 2015. Nous nous y opposons tout autant.

Nous nous opposons à la création de cette licence 
car elle nie l’efficience de professions déjà opérantes :

  • interprète français – lsf (Master2),
  • intermédiateurs sourds (Licence professionnelle),
  • éducateur spécialisé (DE Bac+3),
  • CESF (Bac+2),
  • traducteur sourd (Licence Bac+3),
  • professionnels soignants signants (entre 5 et 12 ans d’études après le Bac),
  • professionnels signants des domaines judiciaire, médical, social, éducatif etc.

Ces professionnels sur le terrain, pratiquent la langue des signes ou, le cas échéant, exercent en présence d’un interprète et d’intermédiateurs sourds si nécessaire. Le schéma existe et fonctionne, répondant ainsi aux exigences d’autonomie et d’accès à la citoyenneté prévues par la loi. Nullement besoin de le modifier.

A contrario la Licence de Lille 3 prétend vouloir former des personnes qui cumuleraient des responsabilités et des capacités de façon très superficielle (formation courte). Ils généreront une opacité et une confusion dans les rôles de chacun qui n’est profitable pour personne. Se faisant, ils ne font que maintenir les sourds dans une situation de dépendance et d’assistanat.

Nous considérons que les usagers sourds et les professionnels entendants ont le droit d’être en face de personnes réellement qualifiées qui leur garantissent une pleine autonomie. C’est pourquoi nous exigeons la suppression de cette licence professionnelle.

Soutenez notre action en signant cette pétition.

Oui à l’autonomie des citoyens sourds. Non à une accessibilité au rabais…

Sa version en langue des signes française (LSF) :

Pétition pour exiger la suppression de la licence professionnelle « interface de communication – ICASES » from Collectif des 5 on Vimeo.

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© Stéphan – ( i ) LSF

Une charte pour améliorer la présence des interprètes F/LSF à la télévision

Ce début d’année surchargé ne m’a pas permis d’écrire autant que je le voudrais sur ce blog.
Néanmoins cela ne signifie pas que rien ne se passe dans le monde merveilleux de l’interprétation en langue des signes.
Et les nouvelles, récemment, sont plutôt bonnes.

Ainsi, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et plusieurs patrons de chaînes de télévision ont signé au CSA à la mi-janvier une charte pour améliorer la qualité de l’usage de la langue des signes française (LSF) dans les programmes. L’AFILS (Association des Interprètes en Langue des Signes) était également présente et signataire au coté d’autres associations comme la FNSF, l’UNISDA, Planète Langue des Signes…

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Ce document stipule que les signataires doivent porter une attention particulière au respect du sens du discours lors de l’interprétation en LSF ou encore au respect de la langue française, quel que soit la langue cible (français oral, sous-titré ou LSF).

Surtout, la Charte insiste sur la bonne visibilité de l’interprète, dont l’incrustation doit idéalement représenter 1/3 de l’écran de télévision est-il écrit. Le cadrage doit quant à lui être si possible en « plan américain », c’est-à-dire à mi-cuisse, pour une bonne visibilité de tous les signes. Les interprètes doivent être des professionnels diplômés, demande également la Charte. Les signataires s’engagent aussi à explorer de « nouvelles solutions » : proposer par exemple l’accès à un portail LSF avec une bibliothèque de contenus ou d’instruments à travers les solutions de TV connectée ou la possibilité d’une incrustation optionnelle, superposée à l’image vidéo.

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« La fenêtre de l’interprète LSF n’est pas une tâche à l’écran mais un facteur d’inclusion », a souligné la secrétaire d’État Ségolène Neuville lors de son discours, encourageant également à une meilleure représentativité des journalistes sourds dans les écoles de journalisme et à la télévision.
« Cette charte est une image forte car il y a encore un certain nombre de réticences, a-t-elle encore estimé. « Certaines chaînes peuvent avoir peur de perdre en attractivité. »

Malheureusement cela reste une « Charte » et sa mise en oeuvre repose uniquement sur le principe du volontariat ; il n’y aucune obligation légale dans ce domaine. Espérons seulement que les nombreux signataires n’étaient pas là juste pour se donner bonne conscience mais pour réellement s’engager vers une meilleure accessibilité de leurs programmes télévisés.

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Lien vers le texte de la Charte de qualité pour l’usage de la Langue des Signes Française dans les programmes télévisés 

 

© Stéphan – ( i ) LSF