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Entre de bonnes mains

Les images étant souvent plus explicites que les mots (dixit Napoléon), des membres de l’AFILS (Association Française des Interprètes et Traducteurs en Langue des Signes) ont eu l’idée de lancer une série intitulée : EDBM ou « Entre De Bonnes Mains ».

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Sur un format court, 2-3mn, il s’agit de montrer différentes facettes de notre métier d’interprète en langue des signes, ce qu’il faut faire ou ne pas faire en sa présence, à quoi il peut servir ou ne pas servir, bref de changer la vision qu’on les un.e.s et les autres sur notre métier et sur la communauté sourde…

Chaque mois l’une des antennes régionales de notre association réalise un court métrage et le diffuse. 3 vidéos ont déjà été produites, je vous mets pour exemple celle des breton.e.s (antenne AFILS Breizh) qui est franchement drôle.

Pour en voir d’autres , c’est par ici : chaine Youtube de l’AFILS

Quelques remarques sur le secret professionnel des interprètes

Dans la torpeur de l’été, le sommet américano-russe qui s’est déroulé à la mi-juillet à Helsinki, a été à l’origine d’un débat inattendu sur le secret professionnel des interprètes. En réaction aux propos que le Président américain aurait – ou n’aurait pas – tenus au cours de ce sommet, certains membres démocrates du Congrès ont demandé l’audition de l’interprète du Ministère américain des affaires étrangères (State Department) afin que celle-ci rapporte la teneur exacte des entretiens.

Rappel des faits : dans la capitale finlandaise, les deux présidents Trump et Poutine se sont entretenus pendant deux heures. Seuls deux interprètes étaient présents à leurs côtés et les démocrates estiment que la femme qui a traduit les propos de M. Poutine pour M. Trump –et a vraisemblablement pris des notes– pourrait détenir des informations cruciales sur ce qui s’est dit entre eux. « Nous voulons que l’interprète vienne devant la commission. Nous voulons voir les notes », a dit à MSNBC le sénateur démocrate Bob Menendez, membre de la commission des affaires étrangères.

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Face à cette demande, on est tenté – à juste titre – d’opposer les articles des différents codes éthiques et déontologiques qui encadrent la profession d’interprète-traducteur un peu partout dans le monde et qui traitent du secret professionnel.

Deux exemples :
– l’article 2, al. 1, du Code d’éthique professionnelle de l’Association Internationale des Interprètes de Conférence (AIIC), seule organisation représentative de la profession au niveau mondial : « Les membres de l’Association sont tenus au secret professionnel total et absolu. Celui-ci doit être observé à l’égard de quiconque et concerne tout ce qui a été appris dans l’exercice de la profession à l’occasion de réunions non publiques. »
– l’article 1 du titre premier du Code éthique de l’AFILS (association française des interprètes en langue des signes) : « L’interprète est tenu au secret professionnel total et absolu comme défini par les articles 226-13 et 226-14 du nouveau code pénal dans l’exercice de sa profession à l’occasion d’entretiens, de réunions ou de conférences non publiques. L’interprète s’interdit toute exploitation personnelle d’une quelconque information confidentielle.
Le partage du secret ne peut se faire qu’entre interprètes intervenant sur une même affaire, dans l’intérêt du déroulement de la traduction ou de l’interprétation. Les personnes concernées en sont informées lorsque rien ne l’empêche. »

On l’a déjà écrit ici, le but premier du secret professionnel est de protéger le « propriétaire » du secret. Lors d’une consultation médicale, le patient, dans le cas des interprètes ce sont les personnes interprétées, qu’il s’agisse de chefs d’Etat, de diplomates, d’agriculteurs, de designers, de journalistes, de consultants en informatique etc, ou de toute autre catégorie de personnes et professions.

Bien sur, ce secret pourra être levé si l’interprète est, dans l’exercice de son métier, témoin d’un projet de crime ou d’un délit qui, s’il se taisait pourrait être assimilé à une non-dénonciation voire une complicité.
Cependant dans le cas présent, malgré tout le mal qu’on peut penser des politiques nationales et internationales des présidents Trump et Poutine, l’interprète ne se trouve pas dans cette situation et il est inimaginable qu’elle raconte à des journalistes ou des politiques la scène à laquelle elle a participé.

Le secret professionnel est la condition première pour qu’une discussion puisse avoir lieu entre deux parties : avoir confiance dans le professionnel qui traduit et être sur que ses propos ne seront pas divulgués à l’extérieur auprès de personnes n’ayant pas assisté à la réunion. Sans ce principe, aucune rencontre, réunion ne pourrait se dérouler librement en présence d’interprètes, chacun des participants redoutant que ces intermédiaires ne divulguent sur la place publique les propos confidentiels qui auront été échangés.

Pour les interprètes en langue des signes cette règle est d’autant plus importante que nous entrons régulièrement dans l’intimité des personnes sourdes (rendez-vous médical, dans une banque pour l’obtention d’un prêt, chez le notaire pour une succession, au commissariat pour un dépôt de plainte…). C’est d’ailleurs une différence essentielle de notre profession avec celle des interprètes en langues vocales (anglais, russe, chinois…) qui interviennent essentiellement en milieu professionnel.
Il n’est déjà pas facile d’aborder certains sujets intimes en présence d’une tierce personne (l’interprète en l’occurrence). Alors comment imaginer avoir une communication libre et franche par le truchement d’un interprète si on n’est pas sûr que ce dernier n’ira pas répéter ailleurs la conversation ?

Plus généralement, le principe du secret professionnel est consacré dans les législations de nombreux pays. A titre d’exemple, on mentionnera l’article 226-13 du Code pénal français :

 La révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. – ou l’article 458 du Code pénal belge –  Les médecins, chirurgiens, officiers de santé, pharmaciens, sages-femmes et toutes autres personnes dépositaires, par état ou par profession, des secrets qu’on leur confie, qui, hors le cas où ils sont appelés à rendre témoignage en justice (ou devant une commission d’enquête parlementaire) et celui où la loi les oblige à faire connaître ces secrets, les auront révélés, seront punis d’un emprisonnement de huit jours à six mois et d’une amende de cent euros à cinq cents euros.

Hélas, penser que le problème du secret professionnel chez les interprètes serait facilement réglé car encadré par cet article est illusoire. En effet, certains juristes, mais aussi des collègues interprètes, considèrent que notre profession n’est pas concernée par cet article du Code pénal.
Ils soulignent que la profession d’interprète (ou de traducteur) n’est pas une profession d’Etat, qu’il n’y a pas d’Ordre qui régissent notre activité (comme chez les médecins ou les avocats). Nous ne serions légalement soumis au secret professionnel que si nous traduisions une réunion en présence d’une personne soumise légalement à ce secret (médecin avocat…).
Ou si l’interprète est « expert traducteur interprète (ETI) » ces derniers étant un officiel ministériel donc une profession réglementée et protégée qui est soumise au respect du secret professionnel.

Pour revenir à notre collègue placée quelques jours sous les feux de l’actualité on peut craindre de voir désormais se multiplier de telles demandes d’audition d’interprètes dans un monde où un secret quel qu’il soit est une source de frustration pour quiconque n’en a pas connaissance. L’imagination des politiques et des médias ne connaissent pas de limites pour y parvenir.

[Récemment, un journaliste d’un hebdomadaire m’a contacté pour avoir accès aux conversations intimes d’un couple royal : mélangeant un peu tout (peut-être) ou n’ayant pas du tout préparer son sujet (sans doute) il pensait qu’à force de fréquenter des sourds j’avais développé une compétence particulière à la lecture labiale et que je pourrais tout lui raconter. Un extrait de son mail :

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Pour ceux qui ne lisent pas Point de Vue, il s’agissait du mariage d’Harry et Meghan.]

Plus sérieusement, comme le suggère Edgar Weiser, Président de l’Association Danica Seleskovitch, le moment est sans doute venu de réfléchir aux moyens de protéger les interprètes de la même façon dont les journalistes bénéficient d’un régime de protection de leurs sources dans les pays démocratiques. On pourrait imaginer une convention internationale (dans le cadre de l’ONU par exemple) ayant pour objet de protéger les interprètes contre toute action visant à mettre en cause le secret professionnel qui constitue le fondement déontologique le plus important de cette profession.

En attendant, le meilleur conseil qu’on puisse donner est de toujours faire appel à des interprètes professionnels diplômés. Nous avons passé de nombreuses heures à étudier et comprendre les enjeux du code déontologique qui régisse notre profession et nous avons pleinement conscience que le respect des interlocuteurs passe d’abord par le respect de leur discours, qui n’appartient pas à l’interprète, celui ci-se contentant (c’est déjà beaucoup) de le transmettre dans une autre langue puis de l’oublier aussitôt afin de ne jamais le révéler.
Cet engagement moral est sans doute plus fort que toute contrainte légale.

« Fuck you !  » traduisit l’interprète en langue des signes

L’événement se passe au parlement sud-africain.

Le Président Jacob Zuma s’est adressé aux députés. Le chef de l’opposition lui répond et l’accuse après avoir « cassé l’Afrique du Sud » de « casser le Parlement ». La réaction est vive, les insultes fusent et soudain dans ce brouhaha on entend distinctement un « fuck you » crié au chef de l’opposition, John Steenhuisen.

On remarque que l’interprète hésite quelques mili-secondes à traduire l’insulte (00:50″ sur la vidéo). On le comprend car  le signe « fuck you » est non seulement universel mais aussi visuellement facilement compréhensible par tous, sourds ou entendants, petits ou grands. Surtout il sait qu’il est retransmis en direct à la télévision.
Cependant, sans se démonter et en professionnel aguerri il se reprend et redresse fièrement son majeur.

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C’est un bel exemple pour illustrer deux règles essentielles que respectent tous les interprètes professionnels et diplômés, qu’ils travaillent avec des langues vocales ou gestuelles (selon le code déontologique de l’AFILS ou de l’AIIC) :

  • la neutralité : les interlocuteurs sont seuls responsables de leur propos. L’interprète n’intervient pas pour corriger, changer, juger expliquer ou conseiller, il traduit ce qu’il entend ou voit ;
  • la fidélité au discours :  l’interprète se doit de restituer le plus fidèlement le message en présence des parties concernées.

C’est aussi l’occasion de rappeler qu’en Afrique du Sud il y a beaucoup d’interprètes en SASL dûment qualifiés et ultra-compétents (et qu’ils ont été les premiers meurtris et scandalisés par l’épisode du « fake-interpreter » aux obsèques de Mandela).
Pour avoir travailler avec eux à Johannesburg en septembre dernier je peux en témoigner.

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« Accès-Cible », pour une campagne électorale accessible aux sourds

En réponse aux trop nombreux manquements et autres cafouillages en matière d’accessibilité de ce début de campagne pour l’élection présidentielle, un collectif (en lien avec l’Association française des interprètes en langue des signes, AFILS) s’est constitué dans le but d’alerter les candidats, les partis politiques et plus généralement nous les citoyens, sourds et entendants.
L’idée est d’organiser une mobilisation des interprètes et traducteurs en LSF ainsi que de la communauté sourde autour d’actions ciblées afin de créer le buzz dans les médias et sur les réseaux sociaux et d’attirer l’attention des différents candidats à la présidence sur les enjeux de l’accessibilité.
Cette action a été ingénieusement baptisée : « Accès-Cible »

Si vous êtes intéressés par « Accès-Cible » vous pouvez
– aimer la page Facebook : https://www.facebook.com/acces_cible
– suivre le compte Twitter : @acces_cible  

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Et ça marche !
La preuve, ma collègue Claire Bernadat a déjà été interviewée par une journaliste de Libération : elle y explique le comment du pourquoi d’ « Accès-Cible ».

  • Pourquoi avoir lancé le mouvement Accès-cible ?

Tous les cinq ans, c’est le même constat. Les meetings et les réunions publiques des politiques ne sont que trop rarement traduits pour les sourds et malentendants. Sans ces outils leur permettant de se renseigner sur les programmes électoraux, ils ne peuvent pas correctement exercer leur droit de vote. Après avoir envoyé des courriers aux candidats, en vain, on a décidé de passer à l’action. Notre but est de leur faire prendre conscience de cette situation. Nous voulons que tous les meetings, toutes les réunions publiques mais aussi la communication diffusée sur Internet soient systématiquement accessibles. Les sourds ne doivent plus être considérés comme des citoyens de seconde zone.

  • La traduction des vœux de Jean-Luc Mélenchon a été faite par un amateur. Elle était incompréhensible. Qu’est-ce que cette séquence vous évoque ?

C’est un exemple parmi tant d’autres. Après cet épisode, plusieurs politiques nous ont contactés pour faire traduire leurs meetings. Malheureusement cette démarche paraît plus motivée par la crainte de faire la même bourde. Dernièrement j’ai traduit un meeting. C’était absurde car la traduction était retransmise sur les réseaux sociaux mais pas dans la salle où avait lieu le discours. On a l’impression de ne pas être pris au sérieux par les politiques. Pour justifier l’absence d’interprètes, l’argument qu’on nous ressort souvent c’est le coût. Mais pour un meeting, trois interprètes coûtent grand maximum 2 500 euros, c’est peu comparé au coût d’un hologramme (entre 50 000 et 100 000 euros selon Sébastien Mizermont, directeur de création d’Adrénaline Studio, cité par le Huffington Post). Aux Etats-Unis, la traduction des meetings est systématique.

  • Quelles mesures proposez-vous pour faciliter l’accès à l’information pour les sourds et les malentendants ?

L’accessibilité totale et systématique aux réunions publiques, aux meetings et aussi aux vidéos retransmises sur Internet. Nous considérons qu’une accessibilité complète comprend le sous-titrage (vidéo montée) ou la vélotypie (vidéo et événements en direct) mais aussi la présence d’interprètes professionnels et diplômés. Mais les sous-titres ne peuvent pas se substituer à une traduction. Il ne faut pas oublier que la langue maternelle des sourds est la langue des signes et non la langue française. La loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées le dit clairement : la langue des signes est une langue à part entière. Nous espérons pouvoir rappeler aux futurs ou actuels décideurs leurs devoirs et obligations quant au droit à l’égalité face à l’accès à l’information, particulièrement lorsqu’il s’agit de citoyenneté.

Propos recueillis par : Héléna Berkaoui © Libération 

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© Stéphan – ( i ) LSF

Quoi de neuf, Docteur ?

C’est sous ce titre que se déroulera les 9 et 10 septembre 2017 à Toulouse, un cycle de conférences organisé par l’Association française des interprètes et traducteurs en langue des signes (AFILS) et le Forum européen des interprètes en langue des signes (Efsli).

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Durant 2 jours, plus de 250 participants venant de toute l’Europe sont attendus à Toulouse : sourds, entendants, interprètes et traducteurs en langue des signes ou en langue vocale, linguistes, spécialistes de l’accessibilité, intermédiateurs, représentants de la communauté sourde, professionnels du monde médical, universitaires, etc.

L’objectif de ce colloque est d’offrir un lieu d’échanges à toutes les personnes œuvrant dans ce domaine, ou intéressées de près ou de loin par le sujet : « Interpréter le soin (médical, mental et autres domaines de santé) ».

En effet, l’accès aux soins pour les personnes sourdes communiquant en langue des signes est compliqué par la barrière linguistique.
De la prise de rendez-vous à la consultation médicale (généraliste ou spécialisée, psychiatrique, dentaire…) de la création du dossier administratif à la demande de remboursements (selon les différents systèmes nationaux de santé), de la lecture de l’ordonnance au séjour dans un centre de rééducation… la présence d’un interprète en langue des signes est souvent indispensable.

A travers le thème de l’interprétation en milieu médical, il s’agira de réfléchir et d’échanger  sur la place de ces professionnels au milieu des blouses blanches (faut-il qu’ils en portent une d’ailleurs ? ).
Les interprètes en langue des signes doivent-ils suivre une formation spécifique ?
Quel est le rôle de « Medisigns » ?
Existe-t-il des stratégies d’interprétations particulières ?
Quid de la terminologie médicale ?
Quel binôme forment-ils avec les professionnels sourds (intermédiateurs, interprètes…) ?
Comment gèrent-ils leur propre stress ?
Quel regard porte le patient sur les interprètes en langue des signes (et réciproquement) ?

Plus largement, comment d’autres champs de recherche (traductologie, linguistique, sociologie, ethnologie) envisagent-ils la présence des interprètes ?

D’autres thèmes pourront être abordés comme l’interprétation des formations pour les professionnels médico-sociaux sourds, comment les interprètes en langue des signes ont pu intégrer les dispositifs d’alerte lors d’épidémies (sida, grippe aviaire…) et lors de campagnes d’information menées par les pouvoirs publics.

Plus d’infos sur le programme et l’organisation de ces rencontres :
– en aimant la Page Facebook : https://www.facebook.com/efsli2017 
– en s’abonnant au fil Twitter : @efsli2017

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Soutenez la création d’un centre relais téléphonique

Cette semaine, au Sénat, sera présenté le projet de loi « Pour une République Numérique » et son fameux article 43 (dont je vous ai déjà parlé) qui doit permettre la création d’un centre relais téléphonique généraliste.

Ce système, déjà opérant aux Etats-Unis depuis plus de 10 ans, consiste à intégrer dans la communication un dispositif intermédiaire assurant la transcription ou la traduction, depuis la langue parlée vers la langue écrite ou la langue des signes, et vice-versa.
Dans le cas de la langue des signes, l’usager sourd contacte le centre relais téléphonique via une webcam. Un interprète diplômé réceptionne son appel en LSF et le traduit en français oral à la personne entendante que le sourd voulait joindre (et inversement).
Ainsi sourds et entendants peuvent facilement communiquer par téléphone via des interprètes F-LSF.

Mettre en place ce système semble une évidence. Pourtant nombreuses sont les réticences pour des raisons financières et autres intérêts privés.

L’AFILS ainsi que de nombreuses associations – FNSF, UNISDA, MDF, AFIDEO, ANPEDA, ANPSA, FNAF, Aditus – ont, par leur action, permis que l’article 43 soit modifié en prenant en compte leurs préconisations.

Il faut à présent encourager les sénateurs puis les députés à voter cet article tel qu’il est rédigé aujourd’hui.

Pour cela je vous encourage, pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait,à signer la pétition que nous avons mis en ligne :

Pétition pour que les personnes sourdes ou
handicapées de la communication puissent téléphoner 

En bonus une vidéo, réalisée par l’agence Aditus et très joliment interprétée en LSF par ma collègue Alexandra, dans laquelle je vous explique succinctement pourquoi l’AFILS soutient l’article 43 et la création d’un centre relais téléphonique universel, généraliste et de qualité.

Quel diplôme pour devenir interprète F-LSF ?

C’est la question qui revient le plus souvent dans les commentaires que je reçois : comment fait-on pour devenir interprète en langue des signes, quel diplôme faut-il obtenir pour être interprète F-LSF ?

La réponse est simple : si vous voulez exercer ce métier – qui compte environ 450 professionnels – vous devrez suivre un cursus universitaire (équivalent à un bac + 5) qui, a l’issue d’un examen réussi, vous délivrera un diplôme (Master 2) reconnu par l’AFILS.

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En effet, avoir un bon niveau en langue des signes est une condition nécessaire mais pas suffisante pour devenir interprète.
Par exemple, une personne entendante enfant de parents sourds signeurs a pour langue naturelle la LSF (on appelle ces personnes CODA pour Children of Deaf Adults). Mais sa seule filiation, son héritage linguistique ne lui permet pas de s’auto-proclamer interprète F-LSF sinon je serais moi-même interprète Français-Anglais (ma mère étant anglaise), un fils de plombier serait naturellement un as de la robinetterie, la fille d’un chirurgien émérite pourrait opérer sans avoir suivi des études de médecine et le fils du voisin qui est pilote de ligne serait embauché par Air France après avoir eu son baccalauréat (ou pas).

Comme pour chaque métier il faut faire l’effort d’apprendre la théorie (le code déontologique par exemple), la pratique (les stratégies d’interprétation) en plus de parfaire votre expression en LSF et en français (voire une 3ème langue).
De plus, de longues périodes de stages pratiques auprès d’interprètes diplômés vous permettront d’acquérir les bases de ce métier passionnant.
C’est la seule et unique voie pour embrasser cette profession, il n’y en a pas d’autres. Alors oubliez les pseudo formations d’interfaces ou de médiateurs qui ne mènent à rien, et surtout pas à un diplôme reconnu par l’Education Nationale.
Si vous êtes motivés pour devenir interprète F-LSF, tant mieux, relevez vos manches et rejoignez une des 5 formations universitaires décrites ci-dessous, consultez les sites internet de ces universités et n’hésitez pas à les contacter pour d’autres informations, nous entrons dans la période des pré-inscriptions. 

Généralement pour postuler à l’examen d’entrée, on vous demande en plus de solides compétences en français et LSF, de posséder une licence, quelque soit sa spécialité (sciences du langage, mathématiques, droit, histoire, biologie moléculaire…).

Bon courage !

carte formations

Université Paris 3 (ESIT) :
Centre Universitaire Dauphine (2ème étage)
Place du Maréchal de Lattre de Tassigny 75016 PARIS
Tel : 01 44 05 42 14
Lien vers le site Internet

Université Vincennes Saint-Denis (Paris 8) : 
2 rue de la Liberté 93526 SAINT-DENIS
Bât A, salle 144
Tel : 01 49 40 64 18
Lien vers le site Internet

Université de Toulouse Le Mirail (CETIM) :
Bâtiment 31- bureau LA 16
5 allées Antonio Machado 31058 TOULOUSE Cedex 9
Tel : 05 61 50 37 63
Lien vers le site Internet

Université Charles de Gaulle (Lille 3) :
UMR STL–bâtiment B
B.P. 60149 59653 VILLENEUVE D’ASCQ CEDEX
Tel : 03 20 41 68 87 ou 03 20 41 69 36
Lien vers le site Internet

Université de Rouen : 
rue Lavoisier
76821 Mont-Saint-Aignan Cedex
Lien vers le site Internet

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D’autres informations sur le site Internet de l’AFILS, l’association française des interprètes et traducteurs en langue des signes
http://www.afils.fr/formations

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© Stéphan – ( i ) LSF

L’AFILS à Lille

L’Association Française des Interprètes et Traducteurs en Langue des Signes a organisé son Assemblée générale samedi 16 janvier à Lille.

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On en profita pour remercier l’ancien CA pour le travail accompli

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et souhaiter bonne chance au nouveau fraichement élu.

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Dimanche 17 matin eut lieu une conférence
sur (et avec) les intermédiateurs sourds,

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suivie de cinq ateliers thématiques

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Ce fut enfin l’occasion de vous souhaiter une très très belle année 2016 !

bonne année

Vous voulez voir encore plus de photos de ces 2 journées ? Rendez-vous sur la page Facebook de l’AFILS : https://www.facebook.com/afils.fr

© Stéphan – ( i ) LSF

Pétition pour la création d’un centre relais téléphonique généraliste

En France, 500 000 personnes sourdes, malentendantes ou handicapées de la communication (sourdes-aveugles, aphasiques…) ne peuvent pas téléphoner du fait de leur handicap auditif. Cet obstacle a des répercussions au quotidien dans leur vie personnelle, sociale et professionnelle.

Comme je vous l’expliquais dans un billet précédent, de nombreux pays ont fait le choix depuis plusieurs années de mettre en place des centres relais téléphoniques généralistes. Il s’agit d’une plate-forme en ligne, depuis laquelle des professionnels de la communication accessible (interprètes en langue des signes, transcripteurs…) mettent en relation deux interlocuteurs qui n’ont pas le même mode de communication, et assurent, en temps réel, l’accessibilité de leur échange téléphonique, quel que soit le motif de l’appel.

Le gouvernement comprenant enfin l’importance de ce dispositif a proposé un article dans son projet de loi pour une République numérique afin d’impulser et d’organiser le développement d’un centre relais téléphonique généraliste.
L’association française des interprètes en langue des signes (AFILS) s’était notamment mobilisée pour exiger que
les interprètes F-LSF travaillant dans ces centres relais téléphoniques possèdent un master 2 en interprétation.
Je vous exposais les arguments dans ce billet « Pour une République numérique accessible« .
D’autres amendements ont été proposés par la FNSF, l’UNISDA, le MDF, l’AFIDEO, l’ANPEDA, l’ANPSA, la FNAF, Aditus.

Aujourd’hui, l’article 43 sur les centres relais téléphoniques tel qu’il sera mis en débat au Parlement ne correspond pas aux attentes des associations concernées.

Aussi je vous encourage à signer cette pétition mise en ligne par les associations oeuvrant pour la création d’un centre-relais téléphonique généraliste afin qu’il soit réellement opérant et universel. Elle sera transmise au gouvernement et aux membres du Parlement (députés et sénateurs).

Petition pour que les personnes sourdes ou
handicapées de la communication puissent téléphoner 

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© Stéphan – ( i ) LSF
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