Soutenez la création d’un centre relais téléphonique

Cette semaine, au Sénat, sera présenté le projet de loi « Pour une République Numérique » et son fameux article 43 (dont je vous ai déjà parlé) qui doit permettre la création d’un centre relais téléphonique généraliste.

Ce système, déjà opérant aux Etats-Unis depuis plus de 10 ans, consiste à intégrer dans la communication un dispositif intermédiaire assurant la transcription ou la traduction, depuis la langue parlée vers la langue écrite ou la langue des signes, et vice-versa.
Dans le cas de la langue des signes, l’usager sourd contacte le centre relais téléphonique via une webcam. Un interprète diplômé réceptionne son appel en LSF et le traduit en français oral à la personne entendante que le sourd voulait joindre (et inversement).
Ainsi sourds et entendants peuvent facilement communiquer par téléphone via des interprètes F-LSF.

Mettre en place ce système semble une évidence. Pourtant nombreuses sont les réticences pour des raisons financières et autres intérêts privés.

L’AFILS ainsi que de nombreuses associations – FNSF, UNISDA, MDF, AFIDEO, ANPEDA, ANPSA, FNAF, Aditus – ont, par leur action, permis que l’article 43 soit modifié en prenant en compte leurs préconisations.

Il faut à présent encourager les sénateurs puis les députés à voter cet article tel qu’il est rédigé aujourd’hui.

Pour cela je vous encourage, pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait,à signer la pétition que nous avons mis en ligne :

Pétition pour que les personnes sourdes ou
handicapées de la communication puissent téléphoner 

En bonus une vidéo, réalisée par l’agence Aditus et très joliment interprétée en LSF par ma collègue Alexandra, dans laquelle je vous explique succinctement pourquoi l’AFILS soutient l’article 43 et la création d’un centre relais téléphonique universel, généraliste et de qualité.

3 réflexions au sujet de « Soutenez la création d’un centre relais téléphonique »

  1. Bonjour,

    Si cette initiative est souhaitée et souhaitable, deux points m’interpellent et me font dire qu’en l’état cette réponse est inappropriée et malsaine :

    – si aux États-Unis cela existe depuis un moment il est bon de préciser que les interprètes ne sont pas nécessairement diplômés (ce qui a d’ailleurs vu la création du métier d’intermédiateur sourd pour accompagner ces interprètes) ==> donc ça marche bien et cela a certainement contribué à la croissance des ces entreprises par un impact moindre en terme de coût de la qualification et, peut-être, une masse salariale plus faible et ce au profit de tous. Et cela dans le respect de la libéralisation des services et non par un instrument gouvernemental de contrôle.
    Ce qui est bien pointé par les différents rapports c’est le coût pharaonique de la formation des télé-opérateurs de ce centre-relais. Sans savoir si il y aura beaucoup de candidats à vouloir faire 5 ans d’études pour travailler sur ces postes. Et quid de leurs conditions de travail ?

    – mais ce qui me surprend, et me choque, c’est l’idée de ce centre généraliste où on trouverait des sourds, des malentendants, des personnes âgées, des malades de la parole, aphasiques…
    Où est la communauté Sourde, ses spécificités linguistiques, culturelles tout ce qui fait sa richesse ?!
    Au final, et je suis surpris que vous souteniez cela, tout est fondu, mélangé avec ce qui relève de la pathologie ? Quel bond en arrière après tant d’années de lutte pour la reconnaissance de l’identité Sourde !

    Et là oui, inspirons-nous des USA qui ne se trompent pas, j’en veux pour exemple ConvoRelay : 100 % Sourd, ni plus ni moins. Fondé par des Sourds pour les Sourds.
    C’est ça qu’il faut et c’est pour cela qu’il faut se battre, pas pour un placebo, une fausse victoire qui ne serait que celle du secteur médical et de certains profiteurs.
    Ce centre-relais généraliste c’est la négation de l’identité Sourde.

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    1. Bonjour Christophe,

      Merci pour vos remarques même si je pense qu’elles sont inexactes et sans doute exagérées (je ne vois pas le coté malsain de ce système).
      Sur les diplômes des interprètes, nous pensons qu’il est indispensable que les interprètes soient diplômés et c’est bien sur l’une des revendications prioritaires de l’AFILS et des interprètes (dont je fais partie).
      L’article 43 tel qu’il est rédigé aujourd’hui stipule que les interprètes devront être diplômés et que la liste des diplômes et qualifications reconnues seront précisés par décret.
      Bien sur cela génère un cout mais c’est la garantie d’un service de qualité et je comprends pas bien le rôle que pourrait avoir les intermédiateurs sourds dans une relation en vision-interprétation.

      La création d’un CRT n’a rien à voir avec l’identité sourde. Ou plutôt si. Elle permettra à chacun d’être réellement autonome dans une société plus inclusive, qui respectera chacun et le mode de communication qu’il choisit (LSF, LPC…).
      Il ne s’agit pas de mélanger tel ou tel handicap (de communication), il s’agit d’offrir à chacun, sourd mais aussi entendant ou aphasique ou sourdaveugle… de pouvoir téléphoner les uns avec les autres. Ni plus, ni moins.

      Cela ne remet pas en cause l’identité sourde, ses combats, sa culture, sa langue !
      Je crois au contraire que cela permettra de la rendre plus visible.

      Vous pouvez appeler de vos voeux un centre relais pour les Sourds, créé par des Sourds, avec des Sourds qui ne communiqueraient qu’avec des Sourds. … Mais ce n’est pas le but de ces CRT.

      Bonne journée
      Stéphan

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      1. Bonjour Stephan,

        Merci pour votre réponse rapide 😉
        Si mes propos semblent exagérés, ils sont l’expression de mon énervement que je crois légitime mais sans doute un peu trop enthousiaste.

        Sur la question des diplômes, je fais simplement le lien entre une réussite américaine, sans interprètes diplômés, et la condition française d’imposer 5 années d’études pour finir sur un centre d’appel. Je gratte un peu la surface bien lisse de ce projet et notamment ces conséquences sur les conditions de travail de ces futurs télé-interprètes, quelle est la position de votre association AFILS ?
        – quelle rémunération ?
        – quel encadrement ?
        – durée du temps de travail ?
        – perspectives et reconnaissance ?
        – mais surtout, quel employeur ?

        Évidemment que la qualité des prestataires est essentielle !
        Mais vous vous doutez bien qu’une formation qualifiante verra le jour pour former spécifiquement et en nombre des télé-interprètes.D’ailleurs que vous inspire ce passage de l’amendement ?
        « III- Dans un délai de six mois à compter de la publication de la présente loi, le Gouvernement présentera un plan des métiers visant à développer les formations conduisant aux professions spécialisées nécessaires à la mise en œuvre du présent article. »

        Je suis personnellement convaincu que vous, Stephan, faites un métier bien différent de celui qui est envisagé pour ce CRT. Je ne parle pas de compétences techniques, attention, mais de métier car le travail sur un centre d’appel c’est un métier et honnêtement je ne vous y vois pas.
        La vision idyllique de interprète qui prendrait des appels depuis son local entre deux rdv de liaison n’est certainement pas celle qu’envisage le gouvernement. Allez sur un plateau Téléperformance et vous verrez ce qui est prévu.

        Quand j’évoque, aux USA, des interprètes non-diplômés c’est pour mettre en lien cette réalité et la réussite que vous évoquez en terme d’accessibilité. Sont-ils moins bons que vous ?
        Ce succès se serait-il fait sur le dos des sourds ? Je pense que c’est simplement le modèle économique qui est différent et sur lequel vous devriez vous penchez rapidement, notamment et, j’insiste car c’est là mon « combat », sur les conditions et l’environnement de travail des futurs professionnels.
        (Si je voulais lancer le débat ailleurs, je vous demanderais votre avis sur la qualification des codeurs LPC et transcodeurs, même combat, même déontologie ?)

        Pour finir, je confirme que ce CRT n’est pas bon pour l’identité sourde car oui être Sourd c’est quand même différent d’être aphasique !
        Nous nous sommes battus, en vain, contre le dépistage précoce qui mettait la surdité au même rang que des maladies graves et aujourd’hui nous serions d’accord pour être bénéficiaires du même service que des gens qui ont eu un accident vasculaire, une tumeur ou renversés par une voiture ?!
        Excusez-moi, mais ce n’est pas possible et cela serait vraiment un mauvais deal.

        Donc, si comme vous le dites ce CRT n’est pas là pour les Sourds mais pour un tas de gens qui ont des problèmes de santé bien différents les uns des autres, alors oui ce n’est pas bon, merci.

        Et si les Sourds veulent communiquer entre eux ils ont Skype 😉

        Je vous remercie pour l’attention que vous prêtez à ces quelques lignes, mais SVP quittez le monde des bisounours, la simple lecture de l’amendement donne froid dans le dos.

        A bientôt,

        Cris

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