Être interprète ou traducteur ne signifie pas seulement intervenir lors de conférences internationales, de grandes conventions d’entreprises ou pour traduire le dernier prix Pulitzer ou Goncourt.
Être interprète ou traducteur, et particulièrement être interprète ou traducteur en langue des signes, c’est aussi pénétrer dans l’intimité d’une vie. Nous sommes présents pour des instants de bonheur et de fêtes (naissance, mariage, achat d’une maison…), mais aussi lors de l’annonce d’une maladie incurable, d’un décès, d’un divorce conflictuel, d’un interrogatoire de police sur des suspicions de pédophilie, lors d’un entretien de licenciement…
Difficile dans ces instants de garder la neutralité attachée à notre métier, difficile aussi d’avoir le courage de tout traduire sans rien omettre ou tenter d’adoucir le propos tout en sachant que cela fera souffrir la ou les personnes présentes.
Ce long préambule pour introduire cette étonnante expérience via une caméra cachée
L’histoire : des personnes sont convoquées pour un casting. Elles ne sont ni interprètes ni traducteurs.
Un homme, déjà présent, leur demande de traduire un message qu’il vient de recevoir via Facebook, mais écrit en lituanien, langue qu’il ne parle pas.
Même si on ne comprend pas l’anglais ou qu’on ne lit pas le lituanien (langue du sous-titrage), il suffit de regarder le visage de ces gens pour comprendre l’ambivalence de leur sentiments, entre le désir d’aider et la réticence à traduire ces mots de haine. Et on comprend que devoir tout traduire, d’une langue vers une autre, le plus fidèlement possible est infiniment difficile.
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Être interprète ou traducteur implique parfois de devoir transmettre un message qui n’est pas facile à partager et face à de telles situations de détresse si les années de formation universitaires que nous avons suivies ne nous apportent sans doute pas la solution miracle, il est certain en revanche qu’elles nous y préparent.
Grâce à notre rigueur mais aussi à nos expériences professionnelles passées et à notre humanité nous permettons une communication ouverte même dans les situations émotionnellement difficiles.
Mise à jour (18/04/15) :
Merci à Marion qui me signale que la vidéo avec sous-titrages en français est visible en suivant ce lien
https://www.facebook.com/sofiane.soso75/videos/10206465120136173
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Cette vidéo est réalisée par l’agence www.svetimageda.lt basée en Lituanie.
Son site web (en lituanien) a pour objectif de délivrer des conseils pour savoir réagir face des insultes raciales ou homophobes.
Cette vidéo est vraiment riche en émotions mais aussi en enseignement. Est-ce qu’on sait dans quel cadre cette caméra cachée à été réalisé? Pour une campagne de prévention? Une agence d’interprètes?
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l’activation des sous-titres n’aide en rien, c’est du charabia la plupart du temps…
mais comme vous dites: il n’est pas nécessaire de comprendre, l’embarras se lit très bien sur les visages
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Ces situations difficiles où les mots sont violents pour les interlocuteurs sont extrêmes et déjà tellement difficiles à gérer pour un interprète professionnel, qui sait prendre du recul sur ce qu’il a à traduire. Encore faut-il avoir appris à se protéger et à se détacher de ces mots. Puisque, même en ayant appris, on reste humain et on réagit. On ne doit pas le montrer et traduire fidèlement ces mots. C’est dur et c’est pour cela que les interprètes ont également besoin de pouvoir se décharger auprès de leurs collègues après ces situations « violentes, » qui nous forcent à utiliser des mots et un langage qu’on n’aurait jamais utilisés dans notre vie quotidienne.
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Merci Julie pour ces remarques très justes
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Merci.
Voici la vidéo sous-titrée en français : https://www.facebook.com/sofiane.soso75/videos/10206465120136173/
Apparemment elle a été réalisé pour une campagne contre le racisme.
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Merci pour l’info Marion, je l’ai ajoutée dans le corps de l’article.
Effectivement, cette vidéo a été réalisée par l’agence http://www.svetimageda.lt basée en Lituanie dont le site web a pour objectif de délivrer des conseils pour savoir réagir face des insultes raciales ou homophobes.
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