Vers une pénurie d’interprètes en LS en Belgique

Comme le soulignait Shimrod dans un récent commentaire, le manque d’interprètes en langue des signes française (LSF) en France est manifeste et favorise des solutions bancales comme la multiplication d’interfaces et autres personnes revendiquant à tort le titre d’interprètes.
Ainsi que je le soulignais dans ma réponse, il y a actuellement en France environ 280 interprètes diplômés qui exercent leur profession (c’est autant que pour la seule ville de New-York) et on considère que 1000 interprètes diplômés seraient un minimum. Autre comparaison : en Suède ils sont 3000 pour une population de 9 millions d’habitants.
Il faut donc encourager ceux qui souhaitent se former à ce métier, faciliter la formation continue pour justement permettre à des personnes ayant déjà une bonne connaissance de la LSF de devenir interprètes diplômés.

Ce manque d’interprètes en langue des signes n’est pas propre à la France ainsi que le révèle un article du journal belge L’Avenir. Pire les sourds de Belgique doivent parfois faire venir de France des interprètes en LSF pour traduire des manifestations ce qui peut poser quelques problèmes de compréhension car la langue des signes de Belgique francophone (LSFB) diffère légèrement de la langue des signes française.
Voici cet article qui est paru le 23 Septembre 2011 :

« Depuis 5 ou 6 ans, plus un seul interprète en langue des signes n’a été diplômé. Pour une bonne raison : il n’y a plus de formation. La situation devient critique.
Ce samedi 24 septembre marque la journée mondiale des sourds. Le chef de groupe cdH au Parlement de la Communauté française, Marc Elsen en profite pour rappeler qu’il y a urgence au moins sur un point : la création d’une formation d’interprètes en langue des signes.
Il n’existe plus aucune formation qualifiante dans ce secteur depuis quelques années. «Il est urgent de former des interprètes de haut niveau pour l’aide administrative, judiciaire, hospitalière et autres situations qui nécessitent un vocabulaire spécialisé», avance Marc Elsen.
«On cherche. Et on n’en trouve pas. Forcément…».
À l’association belge des interprètes, Isabelle Hulin confirme à 100 %. «On se bat pour qu’une formation revoie le jour, on multiplie les démarches. Il y a une piste en ce moment : une formation de promotion sociale, en collaboration avec l’université de Lille», explique-t-elle.
«On espérait même que ce serait prêt pour la rentrée 2011, mais c’est raté. En 2012, sans doute. Mais les besoins sont là, urgents. On cherche des interprètes en langue des signes maintenant. Et on n’en trouve pas !Forcément, puisque plus aucun diplôme n’’est délivré» insiste Isabelle Hulin.
Et, par ailleurs, il n’y a toujours pas de formation de niveau supérieur, en cinq ans. « Les deux dernières engagées étaient des Françaises. On tourne en rond ».
Marc Elsen a interrogé à ce sujet le ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt. Le ministre est partant pour lancer un master. Mais c’est très compliqué et les réseaux ne sont pas prêts à collaborer. «Aujourd’hui, le projet semble au point mort», en conclut Marc Elsen.
«Les personnes sourdes ont des droits. Et un de leurs droits essentiels est de pouvoir bénéficier d’un interprète. Elles en ont besoin dans tous les domaines. Se marier, baptiser un enfant, acheter une maison…», rappelle Isabelle Hulin. «Et là, on nie ces droits. Ce sont pourtant des citoyens à part entière !».

Source : http://www.lavenir.net

Notons que ce problème est ancien car l’année dernière, La Libre Belgique évoquait déjà cette pénurie. Vous trouverez l’article en suivant ce lien.

J’en profite pour saluer Maurice Hayard, Directeur de l’Agence de sensibilisation Surdimobil située à Loncin en Belgique et qui œuvre sans cesse pour la reconnaissance de la communauté sourde, de sa culture, de la langue des signes et qui est un ardent défenseur des droits de la personne handicapée et de l’égalité des chances pour tous.
C’est lui qui m’a alerté sur les problèmes rencontrés au quotidien par les sourds belges qui s’inquiètent de bientôt ne plus pouvoir trouver d’interprètes en langue des signes de Belgique francophone diplômés.
Il me signale d’ailleurs que si j’ai « des amis interprètes en LSF qui cherchent des emplois, il y a 2 places vacantes ».

Une réflexion au sujet de « Vers une pénurie d’interprètes en LS en Belgique »

  1. Ne pensez vous pas que la formation de haut niveau nécessaire pour devenir interprète (tout a fait nécessaire, je ne conteste pas DU TOUT cet aspect) soit un handicap quand on veut choisir cette voie, si l’on se refére à la rémunération « relativement » modeste de l’heure d’interprétariat. ? Ceci peut décourager aussi de suivre cette voie.
    Rajoutez à celà la spécificité de ce métier consistant à obliger à alterner avec deux interprètes pour une traduction longue, a cause de la densité de concentration que ça exige, et on arrive paradoxalement à un cout elevé pour celui qui paye, et une rémunération modeste pour celui qui traduit…

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